Facebook face à un conflit moral en Europe

L’organisation caritative pour l’enfance NSPCC a demandé à Facebook de reprendre un programme qui scrute les messages privés à la recherche d’indices d’abus sexuels sur des enfants, de nouvelles données suggérant que près de la moitié des signalements d’abus sexuels sur des enfants passent désormais inaperçus.

Compromis impossible entre vie privée et surveillance ?

Les récentes modifications apportées à la directive de la Commission européenne sur la protection de la vie privée en ligne, qui sont en cours de finalisation, obligent les services de messagerie à respecter de nouvelles restrictions strictes en matière de confidentialité des données des messages. Facebook a imputé à cette directive la fermeture de l’opération de protection de l’enfance, mais l’organisation caritative pour l’enfance estime que Facebook est allé trop loin en interprétant la loi comme une interdiction totale.

« Il est frappant de constater que Facebook a interprété l’impossibilité de parvenir à un accord avant Noël comme une obligation d’arrêter la numérisation, alors qu’il semble s’agir d’une rupture de rang avec le reste du secteur », déclare Andy Burrows, responsable de la politique de sécurité des enfants en ligne de l’organisation caritative. Le reste du secteur, y compris Google et Microsoft, est parvenu à une conclusion différente quant à la légalité de ce type de balayage, a ajouté M. Burrows.

« Ce qui est important ici, c’est que nous ne perdions pas de vue ce que cela signifie », a-t-il déclaré, ajoutant que 250 000 rapports proviennent de l’UE chaque mois. « Il doit y avoir un risque clair pour Facebook que les abuseurs y voient une opportunité de cibler les enfants utilisant les services de Facebook, car c’est une période où la plupart des services de surveillance sont désactivés », a-t-il ajouté.

L’Union Européenne se retrouve sans protection

Le National Center for Missing & Exploited Children (Centre national pour les enfants disparus et exploités) des États-Unis a publié des données montrant une baisse de 46 % des signalements de matériel pédopornographique en provenance de l’UE au cours des trois premières semaines qui ont suivi la désactivation de la surveillance par Facebook. Au Royaume-Uni, qui n’est plus couvert par la directive, Facebook continue d’appliquer son programme de balayage, comme dans le reste du monde.

Les sondages montrent que 18 % des adultes britanniques font confiance à Facebook pour prendre les bonnes décisions lorsqu’il s’agit de protéger les enfants contre les abus en ligne, contre 55 % qui ne sont pas d’accord avec cette affirmation. La crainte de la NSPCC est que le réseau social utilise la nouvelle réglementation comme prétexte pour arrêter de scanner les images d’abus d’enfants, puisqu’il prévoit ouvertement des changements technologiques qui rendraient un tel scan impossible.